keep calm and drink beer (reva&wren)

les journées se suivaient et se ressemblaient. en ce moment, wren n'avait pas de spectacle de prévu et ça lui faisait un bien fou de pouvoir se reposer tranquillement. ses talents de pickpocket, il en faisait désormais usage en pleine rue et ça le contentait pleinement. parce que c'est ce qui le faisait vivre, c'est ce qui importait le plus pour lui, et personne ne pouvait le comprendre. pendant ses vacances un peu forcées, il avait le temps de faire des tas de choses, et en cette fin d'été, il avait eu l'occasion d'aller à la plage pour profiter des derniers rayons du soleil. ce n'était pas une mince affaire parce qu'il y avait peu de jours ensoleillés ces temps-ci. mais il avait eu un peu de chance et finalement, monsieur kingston avait pu peaufiner son bronzage avant l'arrivée de l'hiver. bon, il fallait avouer qu'il ne bronzait pas énormément, sa peau était légèrement halée mais c'était tout ce qu'il demandait. en réalité, il n'aimait pas particulièrement la chaleur, il avait cette sensation d'étouffement, mais avoir un teint parfait faisait parti de ses priorités. parce qu'il était beau, il le savait pertinemment, personne n'avait besoin de lui dire et lui redire, il le savait tout simplement. ça pouvait paraitre assez narcissique dit comme ça, mais en même temps, il faisait absolument tout ce qui était en son pouvoir pour être ce type parfait. de la salle de sport à des repas équilibrés, son physique avait une belle importance pour lui, et outre la magie, ça faisait parti de ses spectacles.

armé de sa plus belle chemise, il couru les rues de Roslindale à la recherche d'un endroit pour y passer la soirée. il n'était pas fan de théâtre ou de cinéma, ni même de solitude, c'est pour cette raison qu'il devait sortir, et vite. les nightclubs l'ennuyaient si rapidement qu'il décida de ne pas y mettre un pied, parce que la foule l'indisposait tout autant que les odeurs de transpiration des jeunes gens venus s'amuser. la douce musique d'un pub un peu plus loin l'interpella, et vu les rires et les bruits de verres qui trinquent, l'ambiance devait être bien bonne. alors, d'un pas décidé, wren franchit le pas de la porte, jeta un regard dans la salle, puis il s'avança tout droit vers le comptoir faisant signe au serveur de lui apporter à boire. n'importe quoi, mais à boire. et ce fût une mince surprise lorsqu'il lui servit une bière, parce que ça semblait logique vu l'endroit, et ça le fit sourire de voir à quel point c'était prévisible. il se tourna face aux autres clients, scrutant chaque personne d'un œil avisé, puis il remarqua une jeune femme qui venait d'entrer et qui vint s'installer au fond du pub. elle ne le quittait pas des yeux, comme s'il lui avait tapé dans l’œil. bonne pioche, il demanda un second verre au serveur et en un rien de temps, il alla la rejoindre avec un sourire charmeur.
- bonsoir, lâcha-t-il nonchalamment en posant le verre devant elle. je m'suis dit que vous auriez peut être soif. et si vous comptiez sur le serveur pour venir à vous, permettez moi de vous dire que vous auriez certainement attendu longtemps.
son visage lui disait vaguement quelque chose, il avait du la croiser dans le quartier, mais l'heure n'était pas aux réflexions désormais.

les belles demoiselles l'attiraient toujours, et ce soir, le fait que cette femme soit seule au fond de la salle était une bonne occasion pour lui. d'ordinaire, il s'en fichait pas mal de draguer ouvertement une femme devant des inconnus, mais là, elle était seule et sans défense, prête à écouter son baratin, même si ça ne l'intéressait pas vraiment. parce que wren n'était pas intéressant pour ses dires ou son intelligence, on le remarquait plutôt pour son charme et son physique avantageux. il en jouait, et avec la magie, c'était sa seule arme, parce que contrairement à ce qu'il voudrait, il n'attirait pas particulièrement les filles intelligentes ou malines à la recherche de la perle rare. non, il était bon pour être le coup d'un soir et puis c'est tout. pourtant, ça ne le dérangeait plus, il s'était fait à l'idée qu'il n'intéressait pas pour du long terme et que seules ses performances sexuelles suffisaient à certaines. mais la jolie brune qu'il venait d'aborder n'avait pas l'air d'une idiote de par sa façon de parler et elle accepta le verre sans sourciller. ça le dérangeait un peu de voir qu'elle n'était pas vraiment méfiante, parce qu'il aurait pu être un psychopathe et elle l'invitait quand même à sa table sans le connaitre. mais après tout, si on devenait suspicieux à chaque fois que quelqu'un voulait discuter, notre vie sociale serait bien monotone.
- je tombe à pic alors ! lâcha-t-il en affichant son plus beau sourire. c'est quand même pas de chance de se faire voler... je n'arrive pas à comprendre comment les gens peuvent faire ça, c'est tellement personnel un portefeuille... vous aviez laissé votre sac en évidence ?
lui connaissait bien ça, parce qu'en règle générale, il était le voleur, alors il ne se doutait pas un instant de ce qu'elle pouvait ressentir. en tout cas, elle avait été victime d'un gars comme lui, lui qui pensait être unique dans le coin avait de la concurrence, du moins il le croyait.
- à vrai dire, je ne suis pas très physionomiste. est ce qu'on se connait ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.
parce que si c'était le cas, il allait passer pour un véritable imbécile. peut être avait-il déjà coucher avec elle ? il n'en avait aucun souvenir, et pourtant, avec sa belle allure et son jolie visage, il ne pouvait pas oublier une fille comme elle. elle avait l'air du genre à marquer les esprits, et pourtant, il ne voyait pas comment il pouvait la connaitre autrement.

J’éprouve un sacré sentiment de fierté lorsque mon regard croise le sien. J’ai beau être une fille ordinaire, je suis bien contente d’avoir pu retrouver ce truand avec la simple aide de quelques recherches sur Google. Je ne pensais pas qu’il mordrait si facilement à l’hameçon ceci dit. Hormis sa passion pour le vol et la magie, j’ignore tout du jeune homme. Je ne savais donc pas s’il était du genre à draguer les femmes ou plutôt à rester en retrait, tel un loup solitaire. Le contact se fait rapidement et il semble bien déterminé à jouer avec nerfs, en optant pour le rôle de l’amnésique. Ce qui est loin de me faire rire en réalité, car la tâche s’annonce bien plus compliquée que prévue. J’accepte le verre qu’il m’offre gentiment mais ma remarque semble le laisser de marbre, à ma plus grande surprise. Pire encore, il se permet de compatir et de juger les personnes capables d’un tel acte, comme s’il était innocent. J’ai le sang qui commence à bouillir mais je me contrôle, n’était pas vraiment du genre à faire un scandale en public. Si ma sœur était là, je pense qu’elle lui aurait déjà sauté dessus mais je préfère largement me la jouer autrement. « Non. Mon portefeuille était dans la poche arrière de mon jeans et a subitement disparu. Sans que je ne sente quoi que ce soit, comme par enchantement. » Je prends soin de bien insister sur le dernier mot de ma phrase. Qu’il me prenne pour une idiote si cela lui chante mais je suis bien loin de l’être. Je suppose que je ne suis pas la seule victime qui tente de récupérer son bien, mais je compte bien insister pour retrouver sa trace. Je me moque pas mal de l’argent qu’il contenait, je veux juste récupérer le reste. Je lui parle alors de mon visage, mais une fois encore il joue les innocents. « Ne me prenez pas pour une idiote, voyons. » Je réponds en souriant, de la même façon que lui précédemment. S’il est venu vers moi, c’est bien pour une raison. Et je doute que m’offrir un verre soit son but principal. « Il me semble que l’on s’est justement croisé à l’une de vos soirées. » J’ajoute, bien décidée à le déstabiliser.

elle lui explique la façon dont on lui a volé son portefeuille et honnêtement, il ne comprend pas l'intérêt de cette conversation. pourquoi donne-t-elle tant de détails ? ça ne lui apporte rien, et il se fiche pas mal de savoir qu'il était dans sa poche arrière. peut être insinue-t-elle qu'il l'a volé ? il ne comprend pas, son visage ne lui dit absolument rien et pourtant, il a l'impression qu'elle l'accuse aisément d'avoir commis cet acte. peut être l'a-t-il fait, qui sait ? mais dans tous les cas, il n'en a aucun souvenir, et si elle cherche à le récupérer, elle s'adresse à la mauvaise personne.
- c'est drôle que vous parliez d'enchantements, parce que je suis magicien, dit-il en affichant son plus beau sourire. mais même avec la meilleure volonté, je doute de pouvoir le faire réapparaitre d'un claquement de doigts, malheureusement pour vous.
il n'est qu'un magicien, pas un dieu, alors si elle cherche de l'aider pour retrouver son bien, elle est tombée avec la mauvaise personne. il a l'impression que cette rencontre n'est cependant pas un hasard, comme si elle le connaissait, comme si elle l'attendait alors que lui ne la connait pas. wren réfléchit, il a beau faire le tour de ses pensées, son visage ne lui revient pas, elle est juste une inconnue parmi tant d'autres.
- je ne sais absolument pas qui vous êtes, et si c'est une mauvaise blague, ce n'est pas drôle.
il regrettait désormais d'être venu à sa table, il aurait pu trouver n'importe quelle nana, mais il avait certainement choisi la plus folle du lot. elle avait l'air du lui en vouloir, de chercher vengeance, et elle le mettait mal à l'aise avec ses réflexions.
- alors vous me connaissez ? ce n'est donc pas un hasard si l'on se croise ici...
il vide sa bière d'une traite, parce qu'il ne veut pas rester une minute de plus avec cette femme. il a envie de partir, mais il devine qu'elle ne le laissera pas partir comme ça. alors il faut qu'il mette les points sur les "i", qu'il lui dise le fond de sa pensée.
- écoutez, je ne sais pas quel est votre problème, mais j'n'ai rien à voir avec vos délires de paranoïa. vous êtes en train de m'accuser de vous avoir volé, or il me semble que vous n'avez aucune preuve à part peut être une simple coïncidence quant à l'endroit où votre drame personnel s'est produit. vous pensez que c'est suffisant pour m'inculper ? vous avez tort mademoiselle. j'étais venu vous offrir un verre poliment, dans l'idée de passer une agréable soirée avec une femme charmante. eh bien figurez vous que vous êtes tout l'inverse, vous n'avez rien de charmant, vous êtes désagréable.

Soit le type me prend réellement pour une imbécile, soit il n’a aucun souvenir de cette fameuse soirée où il m’a volé mon bien. C’est assez étrange d’ailleurs, si bien que je ne sais pas comment le prendre. Est-ce qu’il continue de mentir et de jouer les innocents ? Probablement. Ce type de garçon ne doit pas être un enfant de cœur, il cherche juste à me berner une nouvelle fois. Mais je ne serais pas naïve, je compte bien faire preuve d’assurance. Il m’explique en toute innocence qu’il est lui même magicien, mais que malheureusement il ne pourra rien faire réapparaitre. Je ris jaune. « Oh quel dommage. » Je rétorque, d’un air arrogant. Je suis agacée par la situation, que j’aurai pensé beaucoup plus simple. Au final, il ne se souvient même pas de moi ce qui prouve que les choses que j’ai pu lire à son sujet sur le net sont réelles. Il doit tellement voler qu’il ne se rappelle plus de ses pauvres victimes, c’est la seule explication qui me semble possible. Le jeune homme commence d’ailleurs à être agacé et je sens que la partie est loin d’être terminée. « Moi je m’amuse beaucoup, au contraire. Oh et, pardonnez moi d’avoir été impolie, je m’appelle Reva. » J’annonce, pour qu’il puisse peut être se souvenir de mon prénom, qui était présent sur les papiers dans mon portefeuille. Il fait rapidement le rapprochement et admet que ma présence ici n’a rien d’hasardeuse. Je souris, fière de sa déduction. Il n’est pas aussi idiot que je le pensais, c’est une bonne chose. « Absolument pas, non. » Je réponds tout simplement, avant de l’observer de nouveau. Il semble mal à l’aise, il a envie de s’enfuir. Cela se remarque par ses mains qui semblent moites, mais aussi par ce verre qu’il vient d’avaler rapidement. Hors de question que je le laisse filer, de toute façon. Wren reprend alors la parole et je l’écoute avec attentions. Toujours la même plaidoirie d’innocent… Je souffle, agacée et lassée par ce rôle qui ne lui va pas. « Vous m’avez volé et vidé mon compte en banque, arrêtez de jouer l’innocent ! Vous devriez vous renseigner mon cher Wren – c’est bien cela non ? – car il y’a quelques avis très intéressant sur votre site, concernant votre spectacle de magie. » Je commence par dire, d’un calme olympien. Je m’étonne moi-même, jamais je n’aurai cru avoir autant de détermination. « Je me moque de l’argent. Je veux juste que vous me rendiez les photos et objets qui se trouvaient à l’intérieur et qui ont bien plus de valeurs à mes yeux que vous ne l’imaginez. »

qu'elle s'appelle reva, samantha ou maria, il s'en fichait pas mal. elle commençait sérieusement à le gonfler en réalité. non, ce n'était pas le mot, elle l’horripilait. et wren n'était franchement plus d'humeur à faire la fête, parce qu'elle devenait de plus en plus insolente. elle lui balançait sa négligence sur le dos, comme si elle était innocente de toute chose. or, ce n'était pas le cas. après tout, elle n'avait pas surveillé son portefeuille comme il le fallait donc elle ne pouvait que s'en prendre à elle même. il leva les yeux au ciel, ça l'amusait tellement qu'elle en gardait son sourire. un sourire faux, un sourire plein de haine pour lui alors qu'il n'était peut être pas le coupable finalement. mais bon, il fallait se rendre à l'évidence, elle avait assisté à un de ses spectacles et pour le coup, ça ne pouvait qu'être lui. il n'avait pourtant aucun souvenirs de la soirée, ni même de son visage. il avait prit l'habitude de ne pas regarder la personne qu'il volait, tout simplement pour éviter d'avoir des remords sûrement, même si honnêtement, il se fichait pas mal de faire du mal à quelqu'un. et s'il avait volé cette fille, c'est qu'elle avait de l'argent, qu'elle n'était pas à plaindre, alors peu importe, ça lui passait au dessus de la tête.
- je n'y peux rien si les gens ne savent pas surveiller leurs affaires. faudrait peut être penser que le problème vient de toi, pas de moi. c'est toi qui a exhibé ton portefeuille, sans quoi tu ne te le serais jamais fait volé OK ?
il devient de plus en plus insolent à son tour, et les regards ne tardent pas à se tourner vers eux, comme s'il donnait un spectacle. or, ce n'était pas dans ses projets de faire le show ce soir, il était venu pour boire un coup, pas pour se faire la guerre avec une inconnue.
- toi t'es peut être une petite fille à papa riche comme jamais, moi j'gagne ma vie comme je peux. même si c'est pas honnête. et si tu veux savoir, je m'en tape de ton avis, autant que de ton foutu portefeuille !
elle reste calme tant bien que mal, et wren ne tarde pas à sentir la tension monter en lui. il est à la limite de l'explosion alors qu'elle ne sourcille pas, comme si elle voulait le faire craquer. et c'est chose faite. de colère, il attrape le verre qu'il lui avait servit plus tôt et il le vide d'une traite tout comme le précédent. puis, d'un geste brusque, il lui attrape le bras et l'entraine dehors sous le regard médusé des clients du pub. il se fiche de l'avis des autres, il se fiche de se faire remarquer, mais cette conversation ne doit pas durer ici, alors il l'amène dans la ruelle adjacente pour reprendre ses paroles, toutes aussi violentes les unes que les autres.
- tu veux savoir ce que j'ai fais de ton portefeuille ? j'l'ai vendu sur eBay avec tous les trucs de merde qu'il pouvait y avoir à l'intérieur. et tu veux que j'te dise ? ça m'fait rien du tout. j'te connais pas, et ça changera pas ma vie de te savoir triste et malheureuse tout ça pour des photos qui ont du finir à la poubelle.
il espérait lui clouer le bec avec ses paroles, et vu son regard, il sentait qu'il avait touché un point faible, elle n'allait pas tarder à passer l'arme à gauche à ce rythme là.